Il a l’habitude de siffler Théo lorsqu’il l’appelle et lui demande d’aller à la niche.
Théo, 12 ans, a été diagnostiqué TDAH+HP+troubles de l’opposition.
"Au moment de son entrée en 4 ème, l’infirmière scolaire organise une réunion à l’attention de ses professeurs afin de présenter Théo, ses troubles et le PAP mis en place en classe de 5ème. Pendant plus d’une heure elle explique, fort bien, le TDAH et ses conséquences, ce qu’il faut faire ou pas au sein d’une classe.
Le professeur principal (Français) est présent ainsi que 3 autres enseignants, ce qui fait peu.
Le premier mois de cours est déjà difficile avec son prof principal : punitions, exclusions de cours, retenues, tout ceci est parfois justifié, mais pas toujours. Il a l’habitude de siffler Théo lorsqu’il l’appelle et lui demande d’aller à la niche (à sa place). A la fin du mois, Théo revient en pleurs car il a eu une très mauvaise note en rédaction: 3/20. Il m’explique qu’il a fait la rédaction en fin de journée et qu’il a eu seulement ¼ d’heure, c’était pour occuper le temps qu’il restait suite à l’élection des délégués de classe.
Je prends rdv avec l’enseignant afin de vérifier les propos de Théo. Il me confirme la version de Théo et me demande : « Madame, votre fils n’aurait-il pas des troubles de l’attention? Car il a eu des difficultés à se concentrer pour faire sa rédaction ! » Surprise, je lui réexplique que Théo souffre de TDAH et que l’infirmière a fait une réunion dans ce sens-là. Il maintient sa note et ne veut entendre parler de rien.
Les mois de galère se poursuivent, les notes de Théo sont catastrophiques dans beaucoup de matières. Le TDAH et l’impulsivité sont très marqués, mais aucun enseignant ne fait rien pour aider Théo malgré la mise en place du PAP. Son prof principal me répond qu’il a assez de jeunes en difficultés et qu’il ne peut aménager du temps pour Théo.
Au mois de mars, Théo est en décrochage scolaire, malgré nos signalements fréquents sur la situation, personne ne bouge. Une fin de journée où Théo a cours de Français, son professeur le sentant agité (le traitement n’est plus efficace en fin de journée) lui donne sans raison, une punition à aller faire chez le CPE durant l’heure de Français. A la fin du cours, Théo remonte dans la classe afin d’expliquer à son prof qu’il n’a pas eu le temps de finir son devoir. L’enseignant, qui est encore avec un petit groupe de la classe, lui dit : « dégage ! ». Théo tente à nouveau de lui parler, mais celui-ci l’ignore. Théo se dirige vers les toilettes, l’enseignant revient vers lui en lui disant à nouveau de dégager. Théo refuse, c’est alors que l’enseignant l’attrape fermement par le col de son sweat et le jette une première fois dans l’escalier. Théo réussit à se rattraper, mais l’enseignant le reprend à nouveau en serrant plus fermement et le jette une deuxième fois, Théo ne réussit pas à amortir la chute et retombe sur les cervicales. Il se relève assez "sonné" par la chute et aussi par la violence du geste de l’enseignant. Celui-ci voyant Théo se relever, part dans une autre direction sans demander si il est blessé ou non. Plusieurs enfants ont été témoins de la scène. Il accompagne Théo à l’infirmerie. Le Directeur du collège est prévenu par l’infirmière. Il me téléphone afin de m’expliquer la situation. Je récupère Théo avec des douleurs aux cervicales et une trace de strangulation au niveau du cou.
En rentrant à la maison, Théo se plaint de fortes douleurs aux cervicales, je décide donc de me rendre au service des urgences afin de passer une radio. Lorsque j’explique au médecin ce qu’il s’est passé, celui-ci s’indigne d’un tel acte mais surtout que personne n’ait appelé les pompiers afin d’immobiliser Théo qui aurait pu avoir une grave blessure suite à la chute. Il me conseille de déposer une plainte et me fait un certificat médical de descriptions des blessures. Théo est immobilisé avec un collier cervical pour huit jours pour une cervicalgie.
Le lendemain, j’appelle le directeur du collège pour l’informer de l’absence de Théo et de mon intention de déposer une plainte auprès du commissariat. Je précise que l’enseignant ne m’a jamais téléphoné pour me présenter ses excuses. J’ai contacté l’inspectrice de l’académie de mon département, qui m’a reçue. Elle est intervenue auprès de l’enseignant, mais il n’a pas eu de sanctions disciplinaires, alors qu’il y avait des témoins.
Ma plainte auprès de la justice a été classée sans suite pour manque de preuves! J’ai donc pris un avocat qui a demandé le dossier au tribunal. Mon avocat m’a fait lire la déposition de l’enseignant qui reconnaît « avoir cédé à la pression »; il y a aussi le témoignage de deux élèves qui confirment les faits ! Alors pourquoi la justice a classé l’affaire pour manque de preuves ??
A l’heure actuelle, nous avons relancé la plainte et mon avocat demande une citation à comparaître en correctionnel, mais sans trop d’espoir que cela aboutisse vers une sanction. Mon avocat m’explique que, dans l’éducation nationale, tout le monde se soutient en cas de problèmes.
C’est ce que nous appelons l’omerta !
Comment faire confiance à l’école lorsque nous leur laissons nos enfants ?"
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